Nous venons de vivre trois mois de confinement durant lesquels le monde entier a été à l’arrêt. Bloqués chez eux, une majorité de jeunes ne reprendront pas l’école en présentiel avant septembre. Le monde de l’éducation a été obligé de s’adapter et de développer l’enseignement à distance de façon inédite et massive en sautant dans le grand bain du numérique. Certaines écoles du primaire et du secondaire ont anticipé le confinement et continué les cours on line avec des professeurs présents, organisés et impliqués, assurant le programme sans coupure.
En fait rien n’a changé pour ces élèves si ce n’est d’être online. D’autres écoles se sont adaptées au fur et à mesure, avec plus ou moins de réussite mais ont essayé. Pour d’autres, les professeurs décrocheurs se sont mis aux abonnés absents laissant les élèves à leur sort, générant frustration et mécontentement chez les parents. La période de confinement a donné un visage concret à la fracture numérique. Elèves financièrement défavorisés et non équipés pour assister aux cours, et professeurs non formés et non adaptés à l’exercice des cours en ligne.
Du côté du supérieur, les choses sont mieux organisées. De nombreuses écoles et universités avaient des cours en ligne et se sont adaptées rapidement pour assurer tous les cours à leurs étudiants, ouvrant des campus virtuels. Elles renforcent en cela le mouvement des nouvelles technologies de l’éducation, les Edtech. Le numérique n’est pas seulement une technologie, mais une transformation de nos sociétés avec une nouvelle manière de faire et de vivre. L’Ecole et l’Université doivent former les jeunes pour devenir des adultes responsables sachant utiliser la technique pour leurs besoins.
Aujourd’hui, l’OMS prévoit une seconde vague possible voir probable. Des universités et Ecoles ont d’emblée annoncé leur présence on line pour la rentrée (Harvard, Manchester…) pour des périodes allant d’un trimestre à toute l’année scolaire comme Cambridge ou de nombreuses universités américaines, Au Canada, les universités d’Ottawa, de Montréal, UBC et McGill ont annoncé que la plupart des cours auraient lieu en ligne. En France, on s’achemine vers un modèle hybride, les cours magistraux de Sciences Po seront mis en ligne, et resteront en présentiel pour les travaux pratiques. En Espagne, le Ministère recommande des cours hybrides, en présentiel et en ligne. Un document a été publié avec des recommandations. Les universités, grâce à une série de critères, doivent effectuer un calcul de coefficients d’occupation pour les activités d’enseignement et de recherche. En fonction, les universités devront prendre les mesures appropriées pour enseigner en ligne.
La prochaine rentrée, les universités ne pourront pas compter sur le recrutement des étudiants étrangers qui s’annonce très difficile. Certaines frontières sont fermées. La possibilité d’une deuxième vague n’incite pas les étudiants à s’inscrire ni à s’organiser pour étudier dans un autre pays. La crise du covid19 va certainement accélérer et vulgariser l’utilisation des plateformes online dans les relations internationales, amenant les universités à réfléchir et à imaginer une nouvelle éducation. Du côté des étudiants nationaux, l’attente est de mise et les inscriptions bougent doucement. Le baccalauréat obtenu en contrôle continu laisse une incertitude chez les étudiants. Face à une éventuelle crise économique, les parents vont-ils préférer miser sur l’université publique peu chère pour leurs enfants ? Comment les familles vont-elles faire face aux frais de scolarité des Ecoles du supérieur ? Nombreuses sont aujourd’hui les Ecoles et Universités qui réfléchissent à leur stratégie : reculer la date de rentrée, préparer des campus complétement on line, offrir des scolarités moins chères en proposant des bourses privées ou des remises aux étudiants … sont autant de questions qu’elles se posent et sur lesquelles elles travaillent.
De même que le covid19 révolutionne le travail en entreprise et accélère l’implantation du télé travail, le covid19 va bouleverser la pédagogie et l’apprentissage à l’école ou dans le supérieur. Le corps professoral doit se remettre en question et se former à d’autres modes de pédagogie ou d’enseignement. L’enjeu le plus lourd sur l’enseignement online concerne plus particulièrement le primaire et le secondaire. Il est à espérer qu’au vu des trois derniers mois, ces écoles se sont organisées pour la rentrée afin de faire face à une éventuelle deuxième vague, au risque de laisser encore leurs élèves sans cours.
Le supérieur pour sa part a déjà fait de grandes avancées. Le covid19 va renforcer le mouvement et les investissements dans les nouvelles technologies de l’éducation, les EdTech. Il va surement s’amplifier pour le meilleur dans les pays en développement, permettre l’accès à l’éducation et dispenser un enseignement de qualité à plus grande échelle. Pour les étudiants des pays subissant des politiques d’immigration restrictives ou vivant dans des pays en instabilité politique, l’enseignement one line peut apporter à une réponse à leurs besoins et problématiques.
Ces changements vont impacter l’apprentissage des étudiants. Le basculement en ligne de certains cours online ne nécessitant pas de présentiel, peut se révéler positif : allégement des classes, pédagogie sur mesure, meilleur suivi des élèves, cours plus interactifs, apprentissage différencié et individualisé, accès au plus grand nombre, ou décrochages massifs…En revanche, dans le primaire et le secondaire la nécessité d’une interaction régulière entre professeurs et élèves ralentira la généralisation numérique. Du côté du supérieur il existe un risque d’impact négatif sur la vie étudiante. Plus de vie de campus, d’expérience sociale, de construction de réseau, de vie d’association, de relations entreprises etc. Autant de choses qui construisent un étudiant et lui laissent les meilleurs souvenirs de leurs vies. En cas de confinement quid des échanges académiques à l’international et des stages en entreprises ? Ils sont aujourd’hui en suspension ou se déroulent online, l’expérience s’en trouve diminuée. En revanche, en mélangeant le présentiel et le online, les étudiants pourraient avoir le meilleur des deux mondes. De nombreux secteurs vont être impactés dans leur fonctionnement et leur évolution par la crise du covid19. Le secteur de l’éducation en fait partie, une page blanche est à écrire pour rénover, réinventer l’éducation.
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